Lors de mon séjour à TA23, j'ai filmé en Super8, la vie de tous les jours. Il en reste aujourd'hui quelques séquences numérisées depuis et qui donne une petite idée de cette première expérience. Si vous êtes patients, vous les verrez, si Adrien et Baptiste trouvent une solution..A+

Après le bateau, l'avion, le train et la voiture, je suis enfin à Sainte Olive, la tête sans dessous dessus, mais avec ma famille. J'ai juste l'impression, que le temps s'est interrompu un an, et que je retrouve ce que j'avais quitté au même endroit. Suis-je réellement parti ? Nicole m'a tout de suite " rassuré " : j'étais bien parti quelques mois. Je l'a remercie ici, d'avoir supporté toutes les charges de la vie de tous les jours, pendant que moi, béat j'admirais le continent blanc.

Peu de choses ont changé entre mes deux séjours en Terre Adélie, si ce n'est les hommes et femmes que j'ai rencontré sur place. La base de Dumont d'Urville est la même, et les animaux sont aussi les descendants de ceux que j'ai connu en 1973, ou les mêmes....

Je n'ai pas répondu à la question de départ de ce blog : quel changement climatique entre 1973 et 2010 ? Ce changement est avéré, même en Antarctique, et le réchauffement est plus marqué au niveau de la péninsule que vers la Terre Adélie.

Je vous invite à surfer sur internet à ce sujet. Ce sera plus rapide que mon prochain billet sur le sujet. Mais ne perdons pas espoir...dès que je trouve le temps, je m'en occupe.

A bientôt peut être !

C'est imminent : le départ est fixé cette nuit de samedi.
Je ne pourrai plus alimenter ce blog, jusqu'à mon arrivée en France.
J'en profite ici, pour remercier Jean-Pierre, qui tout au long de
l'année a mis en page les billets de chez "Tante Adèle".
Je vous raconterai peut être mon "atterrissage" à Sainte Olive
en Dombes....

Et voilà la boucle est bouclée. Il y a un peu plus d'un an que nous sommes là. L'Astrolabe vient de s'amarrer au quai
du Lion. Les opérations de déchargement ont commencé. Nos collègues
météo sont bien là. Ils n'auront que peu de temps pour respirer. Il faut
passer les consignes en 4 jours : cela va être intense..
Je vais quand même trouver le temps de faire un dernier tour de l'île,
tranquille....

L'arrivée du bateau est proche. Le départ pour une petite dizaine d'hivernants, dont je suis, nous plonge dans la préparation du retour. Préparer ses bagages : valises, sacs à dos, cantines est irrémédiable. Oui, il faut se faire à cette idée : il nous faut partir, mais aussi préparer l'arrivée de notre remplaçant. L'amertume du départ est, heureusement, largement compensée par les retrouvailles avec la famille et les amis.

Après la débâcle de début novembre, la banquise s'est encore réduite dans l'archipel. Cependant, malgré les apparences, la mer n'est pas complètement libre au Nord de DDU. Il y a une poche d'eau libre de peut être 100 km et de la banquise à la dérive (pack) au-delà, sur 150 km ou plus. Le 14 décembre, date prévue d'arrivée de l'Astrolabe (rotation R1) est donc donnée à quelques jours près.
Si tout se passe normalement, je serai rentré à la maison pour la fin du mois.

Photo : Icebergs et glaçons à la dérive font la joie du manchot Adélie.

Le départ du premier raid de ravitaillement vers Concordia démarre demain de Cap Prudhomme. Le vrai départ du convoi se situe à 65 km des côtes, car il faut acheminer en deux fois l'ensemble des traineaux, parce que la pente est rude en début de parcours. Hier, avait donc lieu ce pré-acheminement de carburant, auquel j'ai participé. Route pas toujours facile, avec le poids des remorques ou les pannes mécaniques éventuelles. A 10 ou 13 km/h, le chemin sera long pour les gens du raid, avant d'arriver à Concordia distant, je vous le rappelle de 1100km....

Nos amis Adélie couvent leurs œufs (1 ou 2) depuis quelques jours, un mois après leur arrivée massive sur l'archipel. On ne doit pas être loin de 35000 couples de manchots, sur l'ensemble des îles. Et pendant ce temps-là, la banquise a continué à se disloquer sous les coups de boutoir du vent, toujours présent (hier 120 km/h).

Le deuxième avion avec le personnel restant (campagnards et hivernants de cette rotation R0) est arrivé ce jour de Terra Nova bay avec le beau temps. Gilduin, notre "Gilou", a enfin embarqué en direction de Concordia. C'est le premier d'entre nous (hivernants) qui quitte DDU : séquence émotion. A bord de l'avion, se trouve un peu de fret, dont de la farine qui commençait à manquer pour la confection des gâteaux ou des viennoiseries. Demain, c'est dimanche : nous aurons donc nos croissants au p'ti dèj....

Voilà, c'est fait. Ce fut indécis, long à venir, mais nous y sommes : dix sept personnes viennent d'arriver  ce mardi par avion à DDU, via Christchurch (NZ) et les bases antarctiques de Mac Murdo (US) et Terra Nova bay (IT). L'avion est retourné vers Terra Nova bay, sans Gilou, le second de centrale qui devait normalement embarquer pour Concordia, et s'occuper des groupes électrogènes de cette base pendant la campagne d'été. Ce n'est que partie remise, il prendra le prochain avion, dès que le temps le permettra. Ce mercredi : tempête de neige et de vent : pas de quoi mettre un avion dehors....

Une récente tempête  aidée d'une houle sérieuse, et peut être d'un coefficient de marée important ont entrainé la casse de la banquise en larges plaques. Ces plaques poussées par le vent se sont éloignées à plusieurs dizaine de kilomètres de la base. Elles sont allées s'amasser avec le pack nettement plus au large.
Nos grandes balades sur la glace de mer touchent à leur fin. Il ne reste plus que quelques iles accessibles à pied.
Il faut souligner que l'épaisseur de la glace, là où il en reste, est encore de plus d'un mètre quasiment partout sur l'archipel. Étonnant , non ?

Le quotidien reprend le dessus. Aujourd'hui samedi, profitant du beau temps sur l'archipel, l'équipe technique continue ses transferts de carburant vers le continent, pendant qu'une petite dizaine d'entre nous, participe à un tournoi de pétanque sur la neige. Victoire assez facile de l'équipe Didier/Jean devant la vaillante équipe Floriane/moi-même, quelque peu perturbée par le jeu décousu des adversaires.

En mémoire à nos quatre camarades disparus, nous avons procédé hier soir à un lâcher de ballon météo. Pas de sonde accrochée au ballon, mais un cube avec leurs prénoms écrits dessus. Geste symbolique et dérisoire, mais décidé unanimement entre nous. L'ensemble de la mission était présente bien sur, avec Steph le pilote du deuxième hélico, qui reste sur base avec nous. Les trois autres passagers de cet hélico sont à Cap Prudhomme en train de préparer les raids de ravitaillement de Concordia.

C'est un titre un peu sec, mais qui exprime bien la brièveté du constat. Jeudi à 18h30 loc, l'hélicoptère qui amenait 4 passagers et du courrier s'est crashé sur la banquise. Pour l'instant les causes n'en sont pas connues (le seront-elles un jour ?), si ce n'est une météo pas extra (ce que l'on appelle white out ou jour blanc) sur une partie du trajet depuis l'Astrolabe.
Pendant un créneau météo correct, les corps ont été ramené ce samedi à DDU, grâce à l'utilisation du deuxième hélico et de la mise en alerte de tous les moyens de sauvetages antarctiques possibles. Un avion devrait prochainement les rapatrier en France.
Même si la plupart d'entre nous ne connaissaient peu ou pas ces personnes : leur disparition nous traumatise évidemment. Et nous adressons des pensées émues à leur famille.
Nous allons resserrer un peu plus les rangs, s'épauler les uns les autres et continuer cet hivernage plus long que prévu.

Depuis hier, les manchots Adélie mâles arrivent en nombre pour préparer les nids avant l'arrivée des femelles un peu plus tard. Le nid sera fait de pierres souvent piquées au voisin. Il n'y en a pas assez pour tous ! Ce sera l'occasion d'entendre à nouveau leurs cris bien caractéristiques.
Côté météo : Après une belle dépression à 939 hPa, accompagnée de neige et de vent (169 km/h). Petite accalmie avant un nouvel épisode neigeux pour l'arrivée du bateau au large de DDU.

Comme prévu, les manchots Adélie arrivent presque au jour attendu. Les quelques individus présents sur la base ont l'air bien emprunté, mais il sont dodus à souhait. Ils ont fait de bonnes réserves avant d'arriver. Des Damiers du Cap viennent également d'arriver et le ciel s'emplit peu à peu d'oiseaux qui vont ajouter leurs cris à ceux des manchots. Belle pagaille en perspective.
L'Astrolabe quitte Hobart ce soir, pour le première rotation. Avant d'arriver ici à la fin du mois, il passera aux Iles Macquarie (appartenant à l'Australie) au Sud de la Nouvelle Zélande.

Je vous en ai déjà parlé dans ce blog, en février dernier. Nous installons pour l'été, sur le continent à D10 (5km de Cap Prudhomme), une station de mesure de vent pendant l'été austral. Cette installation est faite à côté de la piste avion, et est donc un élément de sécurité pour le trafic aérien entre les bases proches de DDU. La piste est faite sur la glace, ou plutôt sur la neige accumulée pendant l'hiver.
Evidement, nous profitons de bonnes conditions météo pour faire cette manip. Le prévisions de Didier étaient bonnes : -20°C et presque pas de vent. Juste ce qu'il faut pour tester les appareils.

Après les phoques venant mettre bas en ce début octobre, aujourd'hui,
deux skuas antarctique ont fait leur apparition. D'ici une dizaine de
jours, les premiers manchots Adélie vont pointer le bout de leur nez sur
les îles de l'archipel. La grande migration va donc commencer.
N'oublions pas non plus la premier rotation R0, qui va amener, dans
moins de trois semaines, les campagnards d'été et les participants au
premier raid vers Concordia.
En attendant tout ce beau monde, avec Dom, nous continuons à déneiger
les fenêtres de la météo et de la salle de sport. Avec - 15°C, sans
vent, c'est tout à fait agréable.

Depuis quelques jours, les femelles sont fidèles au rendez-vous et arrivent sur la banquise à proximité des iles de l'archipel pour mettre bas. Les mères pèsent de 300 à 400 kg et leur rejeton environ 25 kg. Après avoir tété pendant 6-8 semaines, il pèsera 100 kg, et sera sevré. La reproduction a lieu en décembre et la gestation active dure 9 mois.
C'est une période intense aussi pour les biologistes, et leurs aides,  qui doivent recenser, peser, photographier et transponder les nouveaux-nés.

Cette semaine a été chargée en évènements. Les trois premiers jours se passent sous le signe du vent catabatique. Jeudi, je suis à nouveau en grève contre le projet de retraite. Du boulot évidemment, avec la réfection électrique d'une partie de l'atelier. Une manip avec les glacios qui surveillent le glacier vers Cap Prudhomme. Une manip pêche avec Jean et Christopher  (filets et carottage glace de mer). Cette après-midi, ce sera repos avec une petite visite aux phoques de Weddel, dont les femelles ne devraient pas tarder de mettre bas.

Photo : Sur le continent, en redescendant à Cap Prudhomme. Au fond à gauche, l'île des Pétrels et à droite le glacier Astrolabe.